
1,7 POUR CENT
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1,7 pour cent. C’est un chiffre qui pourrait passer inaperçu dans une conversation de banquiers. Une décimale perdue au milieu de milliards, une statistique de plus dans la masse informe des données économiques. Pourtant ce pourcentage est tout sauf anodin. Il représente la part de Bitcoin dans la masse monétaire mondiale. À peine une poussière comptable, mais déjà une fissure dans le mur. Car ce mur, celui du monopole du fiat, se voulait sans faille. Un édifice d’acier, dressé depuis des générations, protégé par des banques centrales, des armées, des lois et des impôts. Et pourtant, une brèche s’est ouverte.
En seize ans d’existence, Bitcoin a percé le béton de ce monopole millénaire. Parti du néant, il s’est imposé sans publicité, sans violence, sans conquête militaire. Simplement en existant, en tenant, en résistant. Il fallait l’enterrer en 2011, on a dit qu’il ne survivrait pas. Il fallait l’écraser en 2013, on l’a comparé à une bulle ridicule. On a ricané en 2017, on a tremblé en 2021, et en 2025 il pèse déjà 1,7 pour cent de toute la monnaie qui circule sur Terre.
Pour comprendre ce que ce chiffre raconte, il faut convoquer l’histoire. Pendant des millénaires, l’or a incarné la confiance. Métal brillant, inaltérable, rare, il est devenu l’étalon par excellence. On le retrouvait aussi bien dans les temples antiques que dans les coffres-forts modernes. L’or n’a jamais eu besoin de publicité. Sa valeur parlait d’elle-même. Il représente encore aujourd’hui près de dix pour cent de la masse monétaire mondiale. Dix pour cent contre 1,7, l’écart paraît abyssal. Mais il a fallu des millénaires à l’or pour s’imposer. Bitcoin n’a même pas encore atteint l’âge adulte.
Les deux se ressemblent par leur rareté. Mais là où l’or s’extrait des entrailles de la Terre, le bitcoin s’extrait de la logique pure. L’or dépend de machines et de mines, Bitcoin dépend d’électricité et de silicium. L’or se transporte à dos de mule, en camion blindé, en cargaison surveillée. Bitcoin traverse la planète en un instant, glissé dans une clé USB ou retenu dans une phrase mémorisée. L’or peut être confisqué par décret. C’est déjà arrivé mille fois. Le bitcoin, lui, échappe à tout contrôle dès lors que ses clés sont hors d’atteinte. Il n’a pas besoin d’État, pas besoin de coffre, pas besoin d’accord. Sa seule force est d’exister.
Ce 1,7 pour cent est donc une menace plus grande qu’il n’y paraît. Car il prouve que la forteresse n’est plus invincible. Les monnaies étatiques ont toujours reposé sur un monopole. On n’utilise pas l’euro ou le dollar parce qu’on le veut, mais parce qu’on y est forcé. Parce que l’impôt, les salaires, les échanges officiels ne reconnaissent que lui. L’argent d’État est une arme. C’est une chaîne invisible qui relie chaque citoyen à l’autorité centrale.
Mais pour la première fois depuis des siècles, cette chaîne a un rival. Bitcoin ne demande pas l’autorisation pour exister. Il ne réclame pas de validation politique. Il ne s’excuse pas. Et déjà, 1,7 pour cent de la masse monétaire mondiale circule sous cette forme numérique incontrôlable. Ce n’est pas assez pour renverser l’ordre établi. Mais c’est suffisant pour briser l’illusion du monopole. Une fois que la brèche existe, elle ne se referme jamais.
Ironie suprême, Bitcoin réagit aujourd’hui aux annonces de la Fed comme l’or le faisait avant lui. Jerome Powell parle, et le prix s’agite. Cela pourrait faire sourire. On se dit que le protocole est devenu une simple variable spéculative de plus dans le grand casino global. Mais cette réaction prouve en réalité son intégration. Il est déjà traité comme un actif de réserve, sensible aux politiques monétaires. La différence, c’est qu’aucun Powell, aucun gouvernement, aucune banque centrale ne peut en manipuler l’offre. Le code est incorruptible. Les 21 millions de bitcoins sont gravés comme une loi physique.
Bitcoin avance lentement. Et c’est ce qui le rend invincible. Chaque étape a semblé ridicule sur le moment. En 2011, quand il valait quelques centimes, personne n’y voyait autre chose qu’une curiosité. En 2013, quand il dépassa les mille dollars, on cria à la bulle. En 2017, quand il fit irruption dans le langage courant, on parla de folie passagère. En 2021, quand les institutions financières commencèrent à l’adopter, on le déclara intégré et neutralisé. Et en 2025, il atteint 1,7 pour cent de la masse monétaire mondiale. La lenteur dissimule la révolution. Mais en regardant le chemin parcouru, on comprend que chaque étape était une marche vers l’inévitable.
La vraie question est là. Si en seize ans il a atteint 1,7 pour cent, où sera-t-il dans seize ans de plus. L’effet de réseau, la défiance grandissante envers les devises diluées, les crises bancaires, l’inflation, tout cela joue en sa faveur. Dix pour cent, vingt pour cent, peut-être plus. Imaginons un monde où un cinquième de la monnaie mondiale est représenté par un actif que personne ne peut altérer. Ce jour-là, le récit monétaire aura basculé. La colonne vertébrale du système ne sera plus faite de papier garanti par la dette, mais de mathématiques garanties par l’énergie.
Ce 1,7 pour cent n’est pas qu’un chiffre. C’est un symbole. La preuve que l’impossible a déjà commencé. Qu’un protocole sorti du néant, méprisé, combattu, caricaturé, est en train de graver son nom dans l’histoire. Il n’a pas eu besoin de lois ni de canons. Seulement de temps et de confiance.
Ce que craignent les banques centrales n’est pas ce 1,7 pour cent. C’est ce qu’il annonce. Chaque adoption, chaque transaction, chaque bloc miné renforce l’idée que le monopole monétaire n’est plus absolu. Et un monopole fissuré est déjà condamné. Les monnaies fiduciaires ne s’effondrent jamais par manque de lois, mais par manque de croyance. Quand les peuples cessent d’y croire, elles meurent. Et Bitcoin est cette graine de croyance alternative qui grandit, lentement mais sûrement.
Un mur peut sembler indestructible tant qu’aucune fissure n’apparaît. Mais dès qu’une seule craque se dessine, la confiance disparaît. Le mur est le même, mais il n’est plus perçu comme solide. C’est exactement ce qu’incarne ce 1,7 pour cent. L’ordre monétaire ancien est encore debout, mais il n’est plus indiscutable.
Bitcoin n’a pas besoin d’être majoritaire pour gagner. Sa simple existence suffit. Il lui suffit d’inspirer, d’offrir une échappatoire, de rappeler à chacun qu’une alternative existe. 1,7 pour cent n’est pas une part de marché. C’est un avertissement. C’est le signe que l’histoire a déjà changé. Le murmure avant le tonnerre.
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