
ET SI L’EURO NE VALAIT PLUS RIEN ?
Share
On n’ose pas poser la question. On évite même d’y penser. Comme si la simple évocation suffisait à fissurer nos repères. Pourtant, elle plane en silence, dans les têtes de ceux qui observent l’inflation, les taux qui dérapent, les banques centrales qui s’agitent, et les citoyens qui, lentement, cessent de croire. Et si l’euro s’effondrait ? Que vaudrait un bitcoin dans un monde où la monnaie fiat ne signifie plus rien ? Cette hypothèse, longtemps réservée aux cercles marginaux, s’impose peu à peu comme une perspective à prendre au sérieux. Non pas à cause d’un effondrement spectaculaire, pas nécessairement en flammes ni en chaos. Mais à cause d’un glissement plus insidieux : celui d’un monde où la confiance dans les monnaies étatiques se délite peu à peu, jusqu’à ne plus être qu’un souvenir. Et dans ce glissement, une nouvelle question émerge : si l’euro tombe, comment mesure-t-on encore la valeur ? Que devient Bitcoin ? Et surtout, comment pense-t-on l’échange, le commerce, la richesse, dans un monde sans repères ?
Le thermomètre est cassé
Aujourd’hui, on dit “Bitcoin monte”, ou “Bitcoin baisse”. Mais que regarde-t-on réellement ? Pas Bitcoin. On observe la monnaie fiat. On mesure une constante avec une variable. On regarde un thermomètre, sans comprendre que la température est ailleurs. Car Bitcoin, lui, ne bouge pas. Il ne triche pas. Il ne se dilue pas. Ce sont les unités de mesure autour de lui qui vacillent.
Et que se passe-t-il quand le thermomètre casse ? Quand l’euro ou le dollar perdent leur fonction première, celle d’être une unité de compte stable ? La question cesse alors d’être abstraite. Elle devient existentielle : si la monnaie officielle ne reflète plus rien, comment mesure-t-on ce qui a de la valeur ? La réponse est brutale, mais limpide : on ne convertira plus Bitcoin en euros. On mesurera les choses en Bitcoin. Ce ne sera plus “Bitcoin vaut 100 000 €”, mais “cette maison vaut 0,7 BTC”. Une baguette à 5 000 sats. Un billet de train à 15 000. Une semaine de travail pour 200 000. Le référentiel change. Le monde bascule sans bruit dans une nouvelle manière de penser. Une migration mentale. Une transition lente, mais irréversible.
La monnaie sans permission
On imagine souvent l’effondrement du fiat comme un big bang. Un jour noir. Un arrêt brutal. Mais en réalité, les monnaies ne s’effondrent pas toujours en une nuit. Elles perdent confiance. Elles s’effilochent. Elles deviennent peu à peu inutilisables. Les prix explosent, les salaires stagnent, les économies s’évaporent. Et les gens, face à cette perte de sens, se tournent vers autre chose. Vers l’or. Vers le troc. Ou vers Bitcoin. Mais peut-on encore acheter du Bitcoin dans un monde où l’euro n’a plus cours ? C’est là que la nature profonde de Bitcoin se révèle. Tu ne l’achèteras plus. Tu l’échangeras. Non pas contre des promesses politiques imprimées sur du papier. Mais contre de la valeur réelle : un service, une ressource, du travail. Le Bitcoin redevient alors ce qu’il est vraiment : de la monnaie. Pas un actif spéculatif. Pas un pari. Une unité d’échange universelle, neutre, inviolable. Dans cette économie, plus besoin de banque, ni d’autorisation. Tu proposes quelque chose d’utile, tu reçois des sats. Tu offres ton savoir-faire, tu es payé directement dans la monnaie la plus résistante jamais conçue. Fini les détours. Fini les monnaies-pont. Fini les couches bureaucratiques. L’économie se reconnecte au réel. Bitcoin devient la langue commune.
21 millions suffisent
Mais une inquiétude revient souvent : 21 millions de bitcoins, est-ce suffisant pour huit milliards d’humains ? La réponse est oui. Parce que Bitcoin est divisible. Extrêmement divisible. Chaque BTC contient cent millions de satoshis. Ce qui fait 2 100 000 000 000 000 unités de base. Soit 2,1 quadrillions de sats. Cela donne plus de 262 000 satoshis par être humain, si la distribution était parfaitement égale. Ce qui n’arrivera évidemment jamais. Mais le point essentiel est là : il y a de la place. De la place pour commercer. Pour évaluer. Pour établir des prix. Et si ce n’est pas assez, la technologie permettra d’aller encore plus loin. On parlera peut-être demain en “millisats”, des fractions de fractions. Car la rareté n’est pas un frein. C’est la promesse. Elle garantit que cette monnaie-là ne sera pas corrompue. Bitcoin ne limite pas les échanges. Il les structure. Il ne rend pas les choses inaccessibles. Il les rend stables. Ce n’est pas un mur. C’est une fondation.
Ce qui reste quand tout vacille
Dans le monde qui vient, on ne dira plus “ce produit vaut 30 €”, mais “il vaut 3 000 sats”. On ne calculera plus les salaires en brut ou en net. On parlera en pouvoir d’achat réel. Et peu à peu, les monnaies fiat perdront leur statut d’étalon. Elles deviendront des monnaies locales, soumises à l’inflation, aux manipulations politiques, aux plans de relance. Bitcoin, lui, restera au centre. Sans chef. Sans planche à billets. Sans compte à rendre. Et les gens qui auront compris avant les autres ne vivront pas dans un monde parallèle. Ils vivront dans le même que tout le monde. Mais avec une chose en plus : un actif qui résiste. Un actif que personne ne peut confisquer. Un actif qui ne ment pas. Ils ne chercheront plus à convaincre. Ils observeront. Ils accumuleront. Ils se prépareront. Et quand la bascule aura lieu, leurs satoshis parleront pour eux. Ce ne sera pas forcément spectaculaire. Pas de crise éclair. Pas de titans qui tombent en direct. Juste une lente désaffection. Une désillusion collective. Et dans le silence, ceux qui auront conservé leurs sats découvriront qu’ils n’ont pas seulement épargné de la valeur. Ils ont préservé du temps. De l’indépendance. Du pouvoir de dire non.
La fin d’une illusion collective
L’euro ne disparaîtra pas du jour au lendemain. Il continuera d’être imprimé. Il circulera encore longtemps. Mais ce qu’il ne fera plus, c’est protéger. Il ne projettera plus personne dans l’avenir. Il ne donnera plus confiance. Il deviendra une monnaie de survie, une roue de secours. Pendant ce temps, Bitcoin, lui, sera là. Pas pour remplacer, mais pour révéler. Pour rappeler que l’argent n’est pas une question de symbole, mais de vérité. De mathématiques. D’énergie. Alors non, Bitcoin ne remplacera peut-être pas l’euro dans les carnets de commandes des administrations. Mais il remplacera ce que l’euro représentait autrefois : une promesse de stabilité. Et cette promesse, aujourd’hui, est rompue. Bitcoin devient alors le seul actif qui ne demande la permission de personne. Il ne se laisse pas imprimer. Il ne s’use pas avec le temps. Il ne meurt pas avec un gouvernement. Il existe par lui-même. Il est rare, portable, divisible, vérifiable. Et c’est peut-être cela qui le rend inarrêtable.
Le train ne sifflera pas deux fois
Ceux qui accumulent aujourd’hui ne le font pas pour acheter un café demain matin. Ils le font pour résister à la grande lessive qui s’annonce. Pour transmettre quelque chose qui ne fond pas au soleil des banques centrales. Pour garder une once de vérité dans un monde où tout devient fiction économique. Ils ne cherchent pas à convaincre. Ils ne cherchent pas à vendre. Ils se contentent d’être prêts. Un jour, peut-être, ceux qui n’y croyaient pas viendront frapper à la porte. Ils voudront leur part. Ils voudront entrer. Mais il sera trop tard. Le prix ne sera pas inaccessible parce que Bitcoin aura explosé. Il sera inaccessible parce que ceux qui l’ont ne voudront plus s’en séparer. Parce qu’ils auront compris ce qu’ils possèdent. Et dans ce futur-là, les gens ne diront plus “Bitcoin monte”. Ils diront “Bitcoin est”. Et ce seront les autres choses qui fluctueront autour.
👉 À lire aussi :